De nos jours, Volvo est connue pour la sécurité de ses modèles. Ce sont des voitures fabriquées avec une très grande précision pouvant convenir aux familles avec de jeunes enfants car, en théorie, il est impossible de se faire mal à bord d’une Volvo. En effet, on dit souvent, avec humour, que si une Volvo entre en contact avec les matériaux les plus solides de la connaissance humaine, c’est le matériau qui cédera.
Ainsi, avec cette réputation, il est rare que nous voyions les modèles de la marque suédoise avec un œil esthétique car la beauté est rarement le point d’attrait pour ces produits. Cependant, pour une fois, Volvo a construit ce qui pourrait être défini comme une des voitures les plus belles de l’histoire, la P1800.
La conception de la Volvo P1800
La Volvo P1800 fut dévoilée en 1960 au Salon de l’Automobile de Bruxelles mais ses origines datent de bien avant cette première internationale. En effet, le projet d’une Volvo sportive fut élaboré en 1957 dans le but de faire concurrence aux marques sportives à la fois en Europe et aux Etats-Unis.
Helmer Petterson, un ingénieur de Volvo, fut placé à la tête du projet en tant que responsable pour le châssis et le moteur de la P1800. La carrosserie, l’élément de la voiture qui joua le plus grand rôle dans son succès, est le fruit du labeur de Pelle Petterson, le fils de Helmer, bien que son père ne fût pas informé de son engagement. Pelle, maintenant connu pour son travail en architecture nautique, a débuté sa carrière de designer avec la Volvo P1800 sous la tutelle de Pietro Frua.
En Septembre 1958, trois prototypes de la Volvo P1800 ont été créés afin de perfectionner le véhicule. Suite à l’échec catastrophique de la P1900, le prédécesseur de la P1800, dont seulement 68 exemplaires ont été vendus, Volvo voulait être sûr de la qualité de sa nouvelle création. Les prototypes portaient le nom P958-X1, P958-X2 et P958-X3 signifiant Prototype du 9ème mois de 1958 eXpéritmental 1, 2 et 3.
Le premier de ces prototypes fut utilisé pour convaincre le constructeur allemand Karmann de prendre en charge la fabrication de la P1800. L’usine fut prête pour une mise en vente en Décembre 1958, mais juste avant le début de cette collaboration,VW interdit à Karmann de construire la voiture, la P1800 risquant d’être trop en concurrence avec la Karmann Ghia. Deux ans plus tard, en 1960,Volvo trouva enfin une autre usine capable de fabriquer sa petite sportive, chez Jensen Motors qui put assurer la mise en vente du véhicule en 1961.
La Volvo P1800 en chiffres
Lorsque la Volvo P1800 fut introduite dans le public en 1961, elle utilisait de nombreux éléments de la Volvo Amazon, une berline de taille moyenne des années 1960. Ce n’était donc pas une voiture sucptible de rivaliser avec les vraies sportives comme la Porsche 911 de l’époque. En effet, son moteur 4 cylindres en ligne de 1,8 litres développait 100 chevaux, soit 15 de plus que la version sport de l’Amazon grâce à une compression plus élevée.
Selon la transmission choisie, la P1800 pouvait atteindre 193 km/h. Cette vitesse, rapide pour l’époque, est en partie dûe à la motricité de la voiture mais principalement à la carrosserie aérodynamique conçue par Pelle Peterson. En effet avec un coefficient de traînée de seulement 0,48, c’est une voitures très aérodynamique pour son époque. Il n’est pas non plus rare, à l’époque, de voir des exemplaires de la P1800 modifiés pour les courses de dragsters.
Dans sa première version, la P1800 existait, tout comme l’Amazon, avec des freins à tambours à l’arrière et des disques à l’avant. En conséquence, au moment où de plus en plus de marques s’orientaient vers les freins à disques, la sportive de Volvo était délaissée au profit de ses rivales.
Il fallut attendre 1970 avant de voir l’introduction de freins à disques sur les quatre roues avec la mise en vente de la P1800 E. En tant que première version à utiliser un système d’injection d’essence, la Volvo P1800 E devenait enfin une sportive contemporaine. Le remplacement du moteur 1,8 litre par un 2 litres en 1969 suivi de l’introduction du Bosch D-Jetronic a permit à la voiture d’atteindre les 130 chevaux. Bien que ces modifications n’aient pas amélioré la vitesse de pointe, le temps d’accélération de 0 à 100 km/h fut considérablement réduit à 9,5 secondes.
Depuis 1972, Volvo a la réputation d’être une des meilleures marques pour la production de breaks. Cette année-là, la marque suédoise lança la Volvo P1800 ES, une variante « shooting break », c’est à dire un break à deux portes. Dans le même esprit que la Ferrari 250 GTO, “Shooting Break” est connue comme la Breadvan ou « fourgon à pain », la population suédoise connait la Volvo P1800 ES comme la Fiskbilen ou « fourgon de poisson ». En Allemagne, elle est aussi nommée la Schneewittchensarg ou « cercueil de Blanche Neige » à cause de la grande fenêtre arrière.
Durant les dernières années de la voiture, Volvo vendait la P1800 E et l’ES en même temps jusqu’à la suppression du modèle en Juin 1973. En tout, 47 492 exemplaires de la P1800 ont été construits dont environ 8000 en version shooting break.
La Volvo P1800 sur le grand écran
Lorsque la Volvo P1800 est apparue au Salon de l’Automobile de Genève en 1961, aux côtés de la Jaguar Type-E, les réalisateurs d’une nouvelle série télévision britannique ont proposé aux deux marques le rôle pour la voiture principale. Suite à la réponse négative de Jaguar, Volvo a donné un exemplaire de sa sportive aux réalisateurs pour la production de la série.
Nommée “The Saint”, elle mettait en scène Simon Templar, un espion anglais joué par Roger Moore, qui affrontait des criminels de tous types grâce à une belle voiture, la Volvo P1800. Grâce à ce rôle, le modèle a retenu l’attention du publique, surtout dans le monde anglophone, et les chiffres de vente de la P1800 ont grimpé en flèche.
La Volvo P1800 : Une des plus belle voitures de l’histoire ?
Un modèle sortie en même temps que la Volvo P1800, la Jaguar Type-E, est souvent décrit comme la voiture la plus belle de l’histoire. Même Enzo Ferrari, un homme pourtant très difficile à séduire, a attribué ce titre à la Type-E. Cependant, il faut retenir la citation de la Volvo pour ce titre.
Son apparence semble mélanger la forme célèbre d’une GT européenne des années 1960 avec des caractéristiques légendaires des modèles de luxe américains. En effet, sa carrosserie est dominée par un long capot légèrement plongeant et un habitacle pouvant fendre l’air devant lui. En regardant plus en détail la voiture, il est possible de repérer des éléments plus souvent associés avec des modèles américains des années 1950. L’arrière en particulier est doté d’ailerons traditionnellement vus sur des modèles comme la Ford Thunderbird et les feux arrières ont une forme allongée similaire aux gros feux de la Falcon.
C’est ce mélange réalisé d’une façon élégante et homogène qui fait de la Volvo P1800 une voiture extrêmement séduisante. On constate souvent que de belles formes sont en quelque sorte gâchées par des détails trop présents qui masquent le style général. Ce n’est pas du tout le cas de la Volvo qui possède des détails mettant bien en valeur la forme générale de la voiture.