S’il y a un terme de l’industrie automobile qui engendre beaucoup de confusion, “muscle car” est surement celui-là. Nous l’utilisons très souvent, et davantage encore quand nous sommes particulièrement passionnés par les véhicules américains, et que nous savons tous quelles voitures peuvent entrer dans cette catégorie. Cependant, la plupart des as du volant auraient beaucoup de mal à définir ce qu’est une muscle-car si cela leur était demandé par une personne ne partageant pas cette même addiction pour l’essence.
Histoire du terme muscle car
Officiellement, l’histoire de ce terme “muscle car” est très peu documentée. En effet, à l’époque de la première Ford Mustang et de la Pontiac GTO – deux voitures souvent connues comme les premières muscle cars – le terme n’existait pas. Ces deux bolides ont été intégrés dans cette catégorie quelques années après leurs commercialisations une fois le terme inventé.
Le dictionnaire américain Merriam-Webster note que la première utilisation du mot “muscle car” apparait en 1966. Cependant, une minorité de membres de la communauté pense que la première vraie muscle car est l’Oldsmobile Rocket 88, une voiture sortie en 1949. Etant donné que la plupart des personnes sont d’accord pour dire que les muscle cars datent des années 1960, il est plus vraisemblable que les deux premiers modèles de la catégorie soient la Mustang et la GTO.
Bien évidemment, les muscle cars sont avant tout des voitures aux gros moteurs gargouillant. C’est cet aspect qui a joué le rôle le plus important dans leur succès, et, également, ensuite, provoqué l’écroulement de cette même catégorie automobile. En effet, les muscle cars donnaient accès à la puissance mécanique pour des personnes à plus petits budgets comme les jeunes adultes. La population entre 18 et 30 ans fut la catégorie principale que visaient les constructeurs de muscle cars.
Apres l’explosion du nombre des naissances, après guerre, c’est cette catégorie qui a représenté la majeure partie de la population aux Etats-Unis. Ainsi, la vente des muscle cars a explosé dès la sortie des premiers exemplaires. Constatant les chiffres de ventes impressionnants affichés par les modèles comme la Mustang, la Pontiac GTO et la Dodge Dart, d’autres marques américaines se sont intéressées à ce nouveau style de véhicule. Chevrolet, qui vendait déjà la Corvette et la Chevelle, s’est consacré au développement de sa Camaro, le seul vrai rival de la Mustang, AMC a sorti l’AMX, Buick a créé la GS. Il y eut aussi la Plymouth Barracuda, la Mercury Cyclone et une pléthore d’autres voitures puissantes à petits prix.
Ces cinq premières années suivant l’apparition du terme muscle car, soit entre 1965 et 1970, peuvent sûrement être qualifiées d’âge d’or de la catégorie. En effet, il existait une vraie diversité sur le marché à cette époque et les lois étaient plutôt libérales pour les voitures aux Etats-Unis.
Malheureusement, cette prospérité du secteur, qui symbolise la liberté, n’a pas duré aussi longtemps que nous aurions aimé. Avec l’arrivée des années 1970 est apparue une vague de nouvelles règlementations sur le fonctionnement des voitures aux Etats-Unis et ce sont les modèles aux moteurs puissants qui en ont souffert.
Le premier gros obstacle qui a frappé le marché fut la “Clean Air Act” – ou l’acte pour l’air propre – de 1970. Cette nouvelle législation avait pour but d’améliorer la qualité de l’air en ville en réduisant les émissions venant des moteurs à combustion. La solution trouvée par l’industrie automobile fut une hausse de la compression dans les cylindres. Ainsi, davantage d’air était utilisé pour la combustion de l’essence rendant ainsi la réaction plus propre. Certains moteurs avaient alors une compression si élevée qu’ils nécessitaient du carburant avec un indice octane de 100. Non seulement la plupart des muscle cars fonctionnaient avec de l’essence plus coûteuse mais elles étaient aussi moins performantes. En augmentant la compression, chaque goutte d’essence engendrait une puissance moins élevée qu’avant la réforme des règlementations.
Le marché du muscle car fut, en 1973, confronté à un nouveau problème, celui de la crise pétrolière. En 1973, les membres de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole ont mis en place un embargo sur les exportations de pétrole lorsque les Etats-Unis se sont lancés dans la Guerre du Kippour contre les pays arabes afin de défendre les alliés d’Israël. Cette intervention n’a pas plut à l’OPEP. Le prix du pétrole a ainsi augmenté de 70%, plaçant l’économie internationale dans une grande instabilité.
En tant que population utilisant la plus grande quantité d’essence, les propriétaires de muscle cars ont alors souffert durant cette période. Presque aucune voiture ne circulait durant ce premier choc pétrolier. En effet, même si les prix ne décourageaient pas les utilisateurs, l’essence était rationnée comme de la nourriture en période de guerre.
Bien que de nombreuses voitures continuaient d’être vendues sous le nom de muscle car, l’époque des modèles puissants, pouvant atteindre des vitesses étonnantes tout en pouvant être utilisés comme voiture de tous les jours, cette époque était bien révolue.
La définition d’une muscle car
La question qui se pose depuis le début de l’utilisation du terme est: comment définir une muscle car ? On dit souvent qu’une voiture en particulier est une muscle car tandis qu’une autre ne l’est pas, donc nous allons voir comment se fait cette distinction.
Tout d’abord, en anglais il est souvent évoqué l’American muscle. Bien que nous ne fassions pas cette distinction en français, il se trouve que les modèles issus d’une même philosophie en l’Europe ou au Japon ne peuvent pas entrer dans le club du muscle. En regardant des listes composées par les passionnés de muscle cars, nous trouvons quelques points en commun au niveau de la carrosserie. Le premier se trouve dans la forme générale de la voiture. Ce sont, dans tous les cas, des coupés avec un aspect sportif. Ensuite, le fait que ce soit tous des modèles deux portes aide à préciser la classification.
Evidemment, le moteur joue un rôle important pour le classement d’un modèle dans la catégorie des muscle cars. Ce qui est sûr, c’est que ce moteur doit comporter huit cylindres disposés en V. Cependant, tous les V8 ne peuvent pas permettre d’attribuer à une voiture le titre de muscle car. Parmi les listes de voitures reconnues comme des muscle cars, la capacité minimale d’un moteur doit être d’environ 380 pouces cubiques, soit 6,2 litres.
Le dernier point important concernant la catégorie est l’accessibilité aux modèles. Comme mentionné en début d’article, les muscle cars ont été recherchées par les jeunes adultes car ils avaient alors accès à une puissance inespérée. Ainsi, des voitures trop coûteuses à l’époque, ne peuvent pas être considérées comme des muscle cars. Un bon exemple de cela: la Chevrolet Monte Carlo, un modèle réunissant tous les critères à respecter dans la catégorie mais qui coûtait plus de $3000 lors de sa mise en vente. Cependant, la voiture juste en dessous de la Monte Carlo dans la gamme Chevrolet, l’Impala, entre bien dans la catégorie.
Une pony car est-elle une muscle car ?
Maintenant que nous avons trouvé une définition plus ou moins complète pour le terme muscle car, nous sommes confrontés à une autre question : y a-t-il une différence entre une muscle car et une pony-car ?
La réponse simple est oui. En effet, les pony car, comme la Mustang et la Camaro, ainsi que les “fullsize muscle cars” et “intermediate” sont des sous-catégories de muscle car, les pony cars étant les plus petites.
Pour conséquence de cette taille plus réduite, les moteurs sont en général plus proches du bas de l’échelle. Ainsi, ce sont seulement quelques versions de ces modèles qui sont classées comme muscle cars. Dans le cas de la Mustang, par exemple, seules les versions haut de gamme sont nommées ainsi, bien que toutes les versions soient des pony cars.
La renaissance des muscle cars
Si nous voulons voir le côté positif du marché des muscle cars, l’arrivée des années 2010 a provoqué une réapparition de cette catégorie automobile célèbre. Nous voyons maintenant le redémarrage de la concurrence pour la puissance entre Ford, General Motors et le groupe FCA – Fiat Chrysler.
Alors que la majorité des marques se tournent vers l’électrification des voitures, ces trois groupes cherchent toujours à pousser les performances du moteur V8. Des versions de la Mustang et de la Camaro continuent à dépasser la barrière des 700 chevaux et les Dodge Challenger et Charger atteignent fréquemment les 1000 chevaux, un chiffre absolument délirant. L’époque que nous vivons actuellement est plutôt comparable à celle de la première vague des muscle cars au cours des années 1960.