La Mercedes-Benz Pagode, aussi nommée la W113, est issue d’une demande particulière pour les coupés et roadsters de luxe à deux places au cours des années 1950. La 300 SL et sa petite sœur, la 190 SL, ont prouvé que ce style de véhicule se vendait bien, justifiant la mise en place d’une stratégie pour concevoir une nouvelle voiture sur le même principe.
Malgré des chiffres de vente positifs, le directeur de Mercedes, le Professeur Fritz Nallinger émettait des réserves sur la performance de la 190 SL. A partir de 1955, ces inquiétudes ont poussé au développement de sa remplaçante utilisant la plateforme de la W127.
La production d’une 220 SL basée sur les résultats de l’étude devait commencer en Juillet 1957, mais des problèmes techniques, retardant la mise en production du modèle, ont mis fin au projet. Il fallut alors attendre six ans avant de voir une sportive 2 portes, accessible au grand public, avec un moteur plus performant.
Dévoilement de la Mercedes Pagode
Dévoilée pour la première fois au Salon de l’automobile de Genève en 1963, la Mercedes Pagode fut mise en vente dans le but de remplacer la 190 SL. Au lieu de garder le moteur à quatre cylindres plus ordinaire de la 190 SL ou de vendre la Pagode comme un modèle phare, Mercedes décida d’installer un moteur six cylindres qui la plaçait entre la performance de la 190 et de la 300.
S’aidant du travail de Bela Barényi sur la sécurité des voitures, Mercedes a pu créer la première voiture de sport avec une carrosserie dite sûre. Sous la belle carrosserie au design intemporel se trouvent plusieurs zones de déformation, une toute nouvelle technologie de l’époque. L’avant et l’arrière peuvent se compacter lors d’impacts importants permettant de réduire les dommages en cas d’accident.
De plus, l’intérieur de la Pagode est tout en courbes. Du point de vue de la sécurité, il est impossible de trouver un angle saillant dans la cabine.
Au cours des neuf ans de production de la Pagode, plusieurs moteurs ont trouvé place sous le capot à différentes périodes. Le marché distingue aujourd’hui les trois moteurs utilisés sur la Pagode comme faisant partie de trois générations différentes.
Mercedes Pagode 230 SL
La première version de la Pagode dévoilée en 1963 fut vendue avec un moteur de six cylindres en ligne pour 2,3 litres. Ce moteur nommé le M127.II, par les amateurs, développe un peu moins de 150 chevaux et 196Nm de couple grâce à un système d’injection d’essence conçu par Bosch. Ce compromis entre les deux précédents moteurs a donné à la Pagode sa première appellation: la 230 SL.
Pour la transmission, deux options étaient disponibles en début d’exploitation de la 230 SL, les deux visant deux marchés différents. La première fut une boite manuelle à quatre rapports. Mais, afin de plaire au marché américain, la 230 SL pouvait aussi se vendre en version automatique à quatre rapports. Enfin, Juillet 1966 marqua l’introduction d’une troisième option, une boite manuelle à cinq rapports développé par ZF. Les voitures avec cette transmission et le moteur 230 sont aujourd’hui très rares et sont très recherchées.
La vente de la 230 SL fut arrêtée en 1967, un an après la mise en vente d’une nouvelle version de la Pagode, la 250 SL.
Mercedes Pagode 250 SL
Comme on peut l’imaginer grâce au nom, la Pagode 250 SL est alimentée par un moteur 2,5 litres. Dévoilée au salon de Genève en 1967, seulement quatre ans après la présentation de la première Pagode, cette version bénéficie de 20Nm de couple de plus que la version précédente, mais sa puissance reste inchangée.
Malgré ce chiffre inchangé au niveau de la puissance du moteur, la 250 SL fut plus performante que la 230 SL grâce à quelques ajouts. Premièrement, ce modèle était une des premières voitures de série Mercedes à avoir un différentiel auto-bloquant. De plus, un gros travail sur le système de refroidissement permis d’ augmenter les performances de la Pagode sur sa durée d’utilisation.
Avec l’introduction de la 250 SL survient la mise en vente d’un troisième style de carrosserie appelé la “California Coupé”. Cette version de la voiture était équipée d’une seconde paire de sièges à l’arrière créant ce que l’on appelle une 2+2.
En 1967, une mise à jour de mi-vie fut effectuée sur la 250 SL. Ces modifications ont surtout modernisé l’intérieur de la voiture avec le remplacement de chrome par des éléments en plastique et une amélioration de son ergonomie. Pour les modèles destinés à la vente aux Etats-Unis, des modifications extérieures sur les pare-chocs ont aussi eu lieu afin de respecter de nouvelles lois sur la sécurité en cas d’accident.
L’année suivante, ces modifications annoncèrent la fin de la 250 SL qui laissa place à la dernière version de la Pagode elle même produite jusqu’en 1971.
Mercedes Pagode 280 SL
Avec le désir de toujours améliorer la puissance de ses voitures, Mercedes introduisit, en 1967, la 280 SL, une version de la Pagode avec, bien évidemment, un moteur plus puissant. Cette fois-ci, ce sera une version 2,8 litres du six cylindres que l’on retrouve dans les versions précédentes de la voiture de sport. Avec la 280 SL, la puissance passe de 150 à environ 170 chevaux et le couple atteint 244Nm ce qui poussa le format de moteur SOHC à ses limites et exigea son remplacement.
A cause de certaines règles sur la compression des moteurs aux Etats-Unis, les moteurs de 280 SL en Amérique n’atteignent pas les 170 chevaux de leurs cousins européens. En effet, les propriétaires américains doivent se contenter d’un chiffre plus proche de 160 chevaux.
Malheureusement, l’option d’une boite manuelle à cinq rapports fut supprimée de la liste des options en 1969. Ainsi, les voitures comportant cette option sont très demandées aujourd’hui et elles atteignent des prix plus élevés.
Des versions de la Mercedes Pagode avec des moteurs surprenants
Au cours de la vie de la Pagode, la recherche d’une puissance plus élevée, a amené Mercedes, à créer quelques modèles étonnants.
Le premier est un modèle qui malheureusement n’existe plus car le projet a été annulé. En 1965, l’ingénieur en chef de Mercedes a installé un V8 de 6,3 litres issu de la 600 Grosser sous le capot d’une 230 SL. Même si cette voiture, connue par les employés Mercedes sous le nom W113/12, développait plus de 250 chevaux, le désavantage d’un avant trop lourd a entrainé un échec du projet.
Trois ans après, une nouvelle idée émergea chez Mercedes. L’intention était de créer une Pagode avec un moteur Wankel M50F. Le concept issu de ce projet développait 200 chevaux et pouvait dépasser les 200 km/h. Pendant quatre mois, à l’été 1968, ce prototype a parcouru plus de 69 000km de tests afin de déterminer la possibilité d’utiliser un moteur similaire dans une voiture de production. Même si le projet fut abandonné sur la W113, les mêmes essais ont été effectués sur son successeur, la R107.
Deux Pagodes exceptionnelles
Les éditions rares de la Pagode ne sont pas seulement issues de Mercedes. A plusieurs reprises, les carrossiers ont essayé de montrer leurs talents en modifiant des W113.
La première édition spéciale de la roadster est la Pininfarina Coupé. Seulement deux mois après la présentation de la 230 SL, Pininfarina envoya un courrier à Mercedes demandant l’autorisation de créer sa propre version de la Pagode. Le résultat est un style plus doux avec un air plus sage. Avec une légère courbe dans son profil, le Coupé semble mettre tout son poids sur les roues arrière. De plus, le toit Mercedes, qui se trouvait controversé lors de sa présentation, s’intègre mieux dans le reste de la carrosserie sur la création Pininfarina.
Il existe une deuxième Pagode re-stylée à savoir la 230 SLX Shooting Brake. Cette voiture conçue par Pietro Frua et Paul Bracq est une version break de la 230 SL créée en 1966. En plus de modifier la forme pratique du toit, la SLX est dotée d’une calandre modifiée ressemblant à celle d’autres créations issues des recherches de Frua.
Après la vente de presque 49 000 exemplaires de la Pagode, Mercedes mit fin à sa production en 1971. Le modèle a été remplacée par la R107 qui est restée en vente jusqu’à la fin des années 1980.