Grâce à une esthétique magnifique, des portes ouvrant de façon originale et une histoire sportive d’exception, la Mercedes 300 SL est une des voitures les plus recherchées. Elle est tellement aimée des passionnés automobile qu’en 1999 elle fut nommée la voiture de sport du siècle par un groupe d’experts. Ce titre lui a été donné notamment pour les prouesses en sport automobile de ses variantes de course mais aussi pour son design légendaire
L’inspiration de la Mercedes 300 SL
La Mercedes 300 SL est une voiture issue directement d’un programme sportif. L’objectif principal pour la construction de cette voiture fut de transposer le succès de la W194, une voiture de course des années 1950, à des modèles de route. En effet, le modèle de route sorti en 1954 est une version plus calme et sage que la version de circuit, une idée proposée premièrement par Max Hoffman, un importateur de véhicules européens aux Etats-Unis.
Une grande partie des technologies révolutionnaires de la 300 SL ont fait leur première apparition sur son prédécesseur de circuit. La W194 transféra principalement des éléments de son châssis et de sa suspension à la 300 SL. Cependant, le moteur de la nouvelle sortie fut un hybride entre le six cylindres de 3 litres nommé M194 de la voiture de course et un autre moteur de même format utilisé dans la 300 Adenauer nommé M186.
Lancement de la Mercedes 300 SL Gullwing
La Mercedes 300 SL fit son entrée au salon de l’automobile de New York en 1954. La décision de dévoiler le nouveau modèle aux Etats-Unis plutôt qu’aux salons de Genève ou de Frankfort fut prise pour intéresser le marché américain que Mercedes visait avec la SL. Immédiatement elle connu un grand succès et la marque allemande reçut une commande de 1000 exemplaires par Hoffman obligeant Mercedes à fabriquer plus de modèles que prévu.
Une année après cet énorme succès en Amérique, Mercedes lança une version plus accessible de la SL dotée d’un moteur quatre cylindres nommée la 190 SL. Cette voiture, également mise en vente sur la proposition de Max Hoffman, a très vite dépassé les chiffres de vente de sa cousine plus puissante.
Caractéristiques de la Mercedes 300 SL Gullwing
Il est facile de voir pourquoi la Mercedes 300 SL est devenue une icône de l’histoire automobile. Sa forme dessinée par Friedrich Geiger est très fluide et élégante. Avec les portes Gullwing ou “papillons” sculptées d’une façon inédite, chaque angle de la voiture de sport est remarquable. La conception de ces portes ouvrant vers le haut fut la conséquence de la construction tubulaire. Le châssis nécessitant des bordures très relevées, il aurait été impossible d’y installer des portes plus ordinaires.
En plus de son esthétique, la 300 SL fut une des premières voitures à être à la fois un véhicule confortable pour pouvoir traverser les pays et un démon sur circuit.
Portant le sigle ‘Super Leicht’ (Super Légère), la Mercedes 300 SL utilise une construction tubulaire permettant de réduire un maximum son poids. En effet, le châssis seul ne pèse que 80kg. Cet effort de réduction de poids s’est poursuivi dans la conception de la carrosserie avec de nombreux éléments réalisés en aluminium tels que les portes et le capot. Dans la plupart des exemplaires, le reste des éléments de plus grande surface sont faits en acier. Cependant, 29 exemplaires de la 300 SL ont des carrosserie totalement en aluminium. La version coupé de la 300 SL pèse 1295kg en tout.
Alimentant la 300 SL, un moteur de six cylindres en ligne et 3 litres développant 240 chevaux et 294Nm de couple. Au sein de l’équipe Mercedes, il porte le nom de code ‘M198’ et est incliné de 50° sous le capot aérodynamique de la SL. Grâce à ce moteur et cette carrosserie aérodynamique, la 300 SL était la voiture la plus rapide de l’époque avec une vitesse de pointe de 263km/h.
Afin d’atteindre ce chiffre impressionnant pour l’époque, Mercedes dû modifier le moteur de sa voiture de course. Le six cylindres de la W194 reçut un système d’injection d’essence Bosch développé pour le moteur V12 du Messerschmitt Bf 109E.
Le moteur est relié à une boite manuelle à quatre rapports. Même si la voiture était principalement faite pour le marché américain, il était impossible d’acheter la Mercedes 300 SL avec une transmission automatique.
La Mercedes 300 SL Roadster
Au cours de la deuxième année de production de la Mercedes 300 SL Gullwing, la marque allemande constata une diminution importante des ventes du modèle. Ainsi, la décision fut rapidement prise de lancer une nouvelle version, cette fois-ci sans toit, afin de relancer l’intérêt pour la voiture.
La 300 SL Roadster fut dévoilée au salon de l’automobile à Genève en 1957 et sa mise en vente débuta en Mai, soit seulement deux mois après le salon. Pendant cette première année de la roadster, les deux versions de la 300 SL furent commercialisées en même temps. Mais en voyant que pour chaque coupé vendu, neuf roadsters sortaient de l’usine, Mercedes mit très rapidement fin à la production du coupé.
Plusieurs modifications importantes ont été réalisées sur la 300 SL pour permettre d’enlever le toit, la plus grosse modification fut la restructuration du châssis. Afin de pouvoir fixer les portes de façon traditionnelle, la structure tubulaire fut réorganisée permettant de réduire sa hauteur aux extrémités de la voiture. Non seulement les portes s’ouvrent comme ceux d’une voiture classique mais il est aussi plus simple d’accéder à l’intérieur de la 300 SL Roadster.
Succès en sport automobile de la Mercedes 300 SL
Comme mentionné plus haut, la Mercedes 300 SL est une sorte d’évolution de la W194, une voiture de course couronnée de succès. Au cours de la saison 1952, la W194 gagna bon nombre de courses d’endurance telles que les 24 Heures du Mans, la Carrera Panamericana, une course traversant le Mexique de sa frontière avec les Etats-Unis jusqu’à celle avec le Guatemala et le Mille Miglia, la course de mille miles en Italie du Nord.
Pendant la vie de la 300 SL, elle existait aussi dans des versions de compétition qui ont participé à certains événements sportifs. Avant la mise en production de la Roadster, la Coupé courrait surtout en compétition de rallye européen. En effet, c’est en 1955 qu’une 300 SL gagna le championnat des rallyes européens.
Plus tard, lors de la production de la Roadster, l’écurie Mercedes-Benz US créa une 300 SLS. Ce fut une variante de la 300 SL Roadster dédiée à la course dans le championnat organisé par le Sports Car Club of America (SCCA) en 1957. Malgré une modification des règles sur les moteurs acceptant des capacités jusqu’à 3,5 litres, Mercedes décida de ne pas faire de modifications extrêmes. La Mercedes 300 SLS développe ainsi 250 chevaux, soit 10 de plus que la 300 SL normale. Elle pèse seulement 970kg grâce à une meilleure utilisation de l’aluminium. Avec Paul O’Shea au volant, la Mercedes 300 SLS a gagné l’American Sports Car Championship en 1957.
Enfin, pour l’année 1955, Mercedes créa la 300 SL-R. Même si son nom indique un rapprochement entre cette voiture de course et le modèle de route, la SL-R utilise la base et le moteur de la monoplace W196. Cependant, ce modèle extrêmement important dans l’histoire du sport automobile se rapproche de la 300 SL d’une autre manière.
Mercedes 300 SL Uhlenhaut Coupé
En tout, neuf exemplaires de la Mercedes 300 SL-R ont été construits et deux de ces neuf ont été réservés pour une expérimentation. Le chef de la division sportive de Mercedes, Rudolf Uhlenhaut, voulait créer une version routière de cette SL-R en la mélangeant avec la 300 SL.
Sur le châssis plus large de la SL-R il installa une carrosserie de style coupé encore plus aérodynamique que celle de la SL. Elle était équipée des même portes Gullwing que la SL et du moteur huit cylindres en ligne de 2,5 litres issue de la W196 courant en Formule 1 à l’époque. Tout cela permettait à la Uhlenhaut Coupé d’atteindre 290km/h devenant ainsi la voiture de production la plus rapide au monde.
Juste avant les 24 Heures du Mans de 1955, tous les travaux de développement avaient été réalisés et Mercedes s’apprêtait à l’annoncer comme modèle de production. Malheureusement, au 35ème tour de la course, le pilote français Pierre Levegh fut victime d’un des pires accidents de l’histoire du sport automobile au volant de sa Mercedes 300 SL-R. Cet accident qui a tué 84 personnes a provoqué le retrait des compétitions de toutes les voitures Mercedes jusqu’en 1989.
L’accident des 24 Heures du Mans de 1955 a aussi mis fin au projet de la Mercedes 300 SL Uhlenhaut Coupé. Aujourd’hui, les deux prototypes sont conservés par Mercedes. Une version est exposée au musée Mercedes près de Stuttgart et la deuxième se trouve dans un lieu tenu secret.