Dans l’histoire automobile, beaucoup de voitures ont été désignées comme plus belle voiture au monde, mais très peu ont entendu cela de la part d’Enzo Ferrari. C’est cependant le cas de la Jaguar Type E, peut-être le véhicule le plus connu en provenance du Royaume-Uni. Même si cette Type E a hérité d’une beauté sublime, ce ne fut jamais le but principal de Jaguar lors de sa création.
La conception de la Jaguar Type E
Le but principal lors de la conception de la Jaguar Type E fut le remplacement de la Type D, une voiture légendaire du sport automobile ayant connu un succès incroyable aux 24 Heures du Mans. Avec cet objectif en tête, la forme de la carrosserie tomba sous la responsabilité de l’aérodynamiste Malcolm Sayer qui n’était pas particulièrement un spécialiste du design automobile.
Entre 1957 et 1958, Sayer dessina trois projets pour la forme de la Type E destinés à être construits en aluminium comme les voitures de course italiennes de l’époque qui dominaient le sport automobile. En 1959, la décision fut prise de mettre en vente une version finale du design de Sayer mais celle-ci fut construite en acier, ce qui rendit la voiture plus lourde.
Jaguar Type E Série 1
Après cinq ans de développement, Jaguar dévoila en 1961 la Type E à l’occasion du Salon de l’automobile de Genève. Lors de cette première, le chef et fondateur de Ferrari, Enzo Ferrari a reconnu la Type E comme étant la plus belle voiture au monde, un compliment compréhensible lorsqu’on regarde cette version initiale.
La forme générée par le long capot à l’avant et un petit habitacle, ressemblant à une bulle, juste devant le train arrière est la particularité qui fit l’admiration des passionnés d’automobiles pendant des décennies. De plus, la façon dont la carrosserie se replie sous elle-même donne un air de légèreté à la Type E.
Sous cette forme quasi-parfaite se trouve un cœur issu de la Jaguar XK150S. Le six cylindres en ligne de 3,8 litres atteint les 269 chevaux et il est relié à une transmission avec une première non-synchronisée. Ce moteur est devenu un 4,2 litres en 1964 quand la Type E fut mise à jour avec des sièges baquets.
Dès sa sortie, la Type E était disponible dans les versions coupé ou cabriolet. Mais en 1966, une option permettant de ajouter des sièges arrière fut disponible transformant la voiture en une 2+2.
En 1967, une importante mise à jour fut effectuée sur la Type E afin de la rendre conforme aux règles de sécurité en vigueur aux Etats-Unis où elle fut baptisée XKE. Les capots de phares furent alors supprimés et les modèles vendues en Californie ont subi des baisses de puissance importantes à cause des normes anti-pollution.
Jaguar Type E Série 2
1968 marqua un progrès pour la deuxième série de la Jaguar Type E. Tout comme les modifications faites en 1967, cette nouvelle série a été réalisée pour permettre l’homologation de la voiture vis à vis des règles américaines. En effet, le plus grand marché de vente de la Type E fut les Etats-Unis.
Cette seconde génération se distingue visuellement de la première grâce à des pare-chocs en chrome plus enveloppant et plus intégrés faisant le tour de la voiture. Les clignotants sont aussi plus gros sur la Série 2 que la Série 1 et la grille permettant le refroidissement du moteur est plus large.
C’est à cause de ces modifications, rendant la voiture moins attirante, que la première série est considérée comme le modèle préféré des amateurs aujourd’hui. En effet, même si la deuxième série est plus facile à conduire, grâce à la direction assistée et une meilleure fiabilité, les modèles conçues avant 1968 atteignent des prix plus élevés sur le marché des véhicules de collection.
Jaguar Type E Série 3
Seulement trois ans après sa première mise à jour, la Jaguar Type E a connu sa troisième génération en 1971. Le point le plus important de cette dernière série de la Type E est l’introduction d’un V12. Ce bloc énorme de 5,3 litres envoie environ 270 chevaux aux roues arrière et aide à diminuer le temps d’accélération de 0 à 100 km/h en dessous de la limite des 7 secondes.
Afin de faciliter le refroidissement de ce moteur plus important, la calandre avant est encore plus large que celle de la Série 2. Malgré tout, il n’est pas rare que ces modèles surchauffent.
Il y eut d’autres modifications de l’apparence extérieure de la Type E, pour la Série 3, avec l’ajout de caoutchouc sur les pare-chocs avant et arrière afin de satisfaire aux règles de sécurité américaines.
Durant la commercialisation de la Série 3, la variante à deux places au toit fixe n’était plus disponible. Les seules versions furent alors le cabriolet à deux places ou le coupé avec des sièges arrière formant un 2+2. Ce modèle avait aussi un empattement plus large.
En 1975, la Type E était en vente depuis presque 15 ans et la décision fut prise de la remplacer par un modèle plus moderne. En Septembre de cette même année, la XJS fut dévoilée débutant une nouvelle ère chez le constructeur anglais.
Des Jaguar Type E de compétition
Dès le début de la vie de la Type E, Jaguar a maintenu son désir de courir en compétition internationale avec son nouveau modèle. Dans cet esprit, une première version dédiée au circuit fut conçue: la Low Drag Coupé.
Comme son nom peut l’indiquer, la Low Drag Coupé a une carrosserie partiellement re-stylisée. Un pare-brise avec une pente plus prononcée, une vitre arrière mieux incorporée dans l’arrière de la voiture et un pare-chocs avant plus long ont tous contribué à réduire le coefficient de traînée. Ces détails sur la carrosserie de la voiture étaient très importants car celle-ci avait pour but de faire comme la Type D en gagnant les 24 Heures du Mans.
En plus d’une carrosserie plus aérodynamique, la Low Drag Coupé était plus légère que la version de série de la Type E. Ce nouveau style est conçu à partir d’éléments en aluminium en remplacement de la carrosserie en acier. Cependant, sa mécanique était toujours réalisée en acier ce qui ne permis pas une importante perte de poids. Enfin, sous le capot de la LDC se trouve une version modifiée du moteur 3,8 litres de la Type D avec environ 340 chevaux.
Le travail intensif réalisé par Jaguar sur la Type E LDC a permis à l’équipe de faire face à la position dominante de Ferrari et de sa 250 GTO. En effet, le constructeur britannique avait ses chances dans la lutte pour la victoire par catégories lors des 24 Heures du Mans de 1962. Malheureusement, la voiture de Peter Lindner est tombée en panne au moment où il bataillait pour la première place.
Après la restauration de la voiture de Peter Lindner suite à son accident mortel durant les 1000 kilomètres de Montlhéry, il ne reste que deux exemplaires au monde de la Low Drag Coupé. Ainsi, c’est la version la plus rare de la Type E existant au Monde.
L’année qui a suivi la sortie de la Low Drag Coupé, Jaguar a développé la Type E Lightweight. Il s’agissait essentiellement d’une évolution de la LDC. La Lightweight fut cette fois-ci une construction totalement en aluminium ce qui explique son nom.
Ce modèle fut aussi produit en plus grand nombre avec 18 exemplaires prévus. Ainsi, bon nombre des modèles construits se sont retrouvés dans les mains d’écuries privées et ont continué à courir après la fin du développement Jaguar. Dédiée à la vente aux écuries amateurs, la Lightweight n’est pas aussi puissante que la LDC avec seulement 300 chevaux. Cependant, son poids inférieur fait que les deux modèles sont équivalents en vitesse sur circuit.
Vraisemblablement à cause d’un manque de client, 12 exemplaires seulement ont été créés pendant les années 1960. Afin de compléter la lignée, Jaguar a relancé la fabrication des six derniers modèles en 2014 en utilisant les mêmes techniques que les 12 premiers exemplaires. Chaque exemplaire de cette série de la Jaguar Type E Lightweight s’est vendu pour environ $1,6 millions.
Aujourd’hui, que ce soit des modèles de reproduction ou des originaux, il est possible de voir ces voitures de course participer à de nombreux événements de sport automobile historique.
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