L’Italie est un pays vers lequel nous nous tournons pour de nombreuses raisons. La gastronomie italienne est une des plus populaire au monde. Sa culture historique est peut-être la plus intéressante et importante pour la société moderne. Et les voitures issues de ce pays sont suivies avec une passion incontestable. Cet engouement pour la voiture italienne date du début de son industrialisation et c’est ce qui rend les voitures italiennes aussi spéciales.
La naissance de la voiture italienne
Bien que nous pensions souvent que Fiat est la marque automobile italienne qui a inventé la roue, il a fallu attendre 15 ans entre la commercialisation du premier véhicule italien et la fondation de Fiat. En effet, la première voiture conçue et vendue en Italie le fut par Enrico Bernardi. Son véhicule construit en 1884 était un tricycle motorisé similaire à la Benz Patent Motor Car, officiellement la première voiture de l’histoire.
La première création italienne ayant les caractéristiques d’une voiture moderne, c’est à dire avec quatre roues, est la Stefanini-Martina. Terminée en 1896, elle fut commercialisée trois ans avant la fondation de la grande marque qui représente aujourd’hui la voiture italienne.
Fiat, le déclencheur de l’industrie automobile italienne
Dès que les premières créations automobiles commencèrent à capter l’attention du public, de grands noms se sont mis à concevoir et commercialiser des voitures. Cette soudaine vague de créations d’entreprises débuta avec Fiat, une marque lancée par un groupe d’hommes d’affaire dirigé par Giovanni Agnelli.
Basée à Turin d’où son nom, Fabbrica Italiana Automobili Torino, la marque Fiat commercialisa la 4HP ainsi nommée d’après la puissance sortant du moteur. Dès la sortie de cette voiture rudimentaire, le public italien fut conquis de même que les acheteurs au niveau international. La population italienne venait de goûter à la modernité pour ses déplacements et elle voulut davantage. C’est ainsi que le marché automobile italien explosa dans les années 1890.
L’entreprise Isotta fut lancée en 1900 afin de revendre des modèles Renault importés depuis la France et, parallèlement, la liste des marques italiennes grandit de façon exponentielle. C’est autour de 1900 que de grandes marques, toujours connues aujourd’hui, sont nées comme Lancia et Alfa Romeo sous l’égide de Darracq ou la Società Anonima Italiana Darracq. Passer d’un marché inexistant a un secteur très actif en si peu de temps a rendu l’industrie automobile italienne très dense. Ce d’autant plus qu’au début du 20eme siècle, la plupart des entreprises étaient installés dans la ville de Turin.
L’industrie automobile italienne reliée au sport automobile
Selon Henry Ford: “le sport automobile a débuté cinq minutes après la construction de la deuxième voiture”. C’est une citation qui s’applique parfaitement à l’industrie automobile italienne. En effet, il y a une importante composante de compétition dans la culture des marques du pays.
L’organisation de nombreuses courses comme le Mille Miglia a aidé et encouragé la création de modèles dédiés à la course. Cependant, une des plus anciennes courses italiennes est le Targa Florio datant de 1906. Cet évènement qui se tient sur les routes de Sicile est rapidement devenu celui à remporter pour toutes les marques italiennes ainsi que pour les marques étrangères comme Bugatti, Peugeot et Mercedes.
En effet, que ce soit pour les courses italiennes ou étrangères, l’Italie fut, au début du 20eme siècle, la référence pour tous les autres pays cherchant le succès dans le sport automobile. A l’époque, il était de tradition de courir sous les couleurs de son pays. Dans le cas de l’Italie et de toutes les marques originaires du pays, ce fut le rouge. C’est pour cette raison que nous associons souvent Alfa Romeo, Fiat et Ferrari, trois grandes écuries sportives, au rouge.
L’industrie automobile italienne en temps de guerre
Comme l’histoire nous le dit, le 20eme siècle fut, au moins durant sa première moitié, affecté par des conflits mondiaux. Les deux guerres mondiales ont impacté les industries automobiles de tous les pays et celle de l’Italie n’y a pas échappé. En effet, la configuration du secteur a totalement changé lors de la sortie de la période de guerre du fait des conséquences économiques.
Avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, il existait une grande diversité de l’industrie automobile italienne qui s’est trouvée restreinte une fois la paix retrouvée en 1945. Dans un premier temps, la fermeture des usines et l’arrêt des ventes entre 1914 et 1918 a sévèrement impacté les petites marques comme Aquila Italiana et Zust. Toutes deux sont l’exemple de marques qui ont fait faillite vers la fin de la guerre. D’autres noms comme la Società Torinese Automobili Rapid et Lancia ont été achetés par l’entreprise dominante, Fiat.
L’effet du fascisme sur l’industrie automobile italienne
En 1922, Benito Mussolini et son parti politique, le Parti Nationaliste Fasciste, ont pris le pouvoir dans le pays. Tout comme avec le parti Nazi en Allemagne quelques années plus tard, le fascisme eut un impact majeur sur le développement de l’industrie automobile italienne. En effet, les usines de production, ainsi que les sociétés, furent placées sous le contrôle du gouvernement italien.
Avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Mussolini ordonna la conception d’une voiture à prix réduit pouvant être proposée à la population italienne. Le résultat fut une première version de ce qui deviendra, 20 ans plus tard, la Fiat 500. Tout comme la VW Type 1 – également nommée la coccinelle – la remarquable Fiat 500, qui est aimée par la majorité de la communauté automobile, est issue d’une dictature. Cette version de la 500 avait un moteur placé à l’avant du châssis et un design différent à l’avant et à l’arrière. Cependant, entre cette voiture issue du fascisme et la Fiat 500 plus récente, il n’y a pas tant de différences.
Après l’exécution de Mussolini en Avril 1945, l’Italie a retrouvé un régime démocratique et libéral. L’industrie automobile du pays a pu ainsi retrouver sa liberté après la fin de la Seconde Guerre mondiale ce qui lui a permi d’entamer l’âge d’or industriel du pays.
L’âge d’or de l’industrie automobile italienne ?
Une fois l’économie redressée après la guerre et la période de dictature, les marques automobiles ont commencé à occuper à nouveau le marché. Ce retour s’est manifesté surtout par l’apparition de nouvelles marques durant les années 1950. La particularité de cette expansion de l’industrie est que beaucoup de ces nouvelles marques avaient des liens avec les sociétés installées depuis plus longtemps. Par exemple, Ferrari, qui commença à construire des voitures de série à la fin des années 1940, était très liée à Alfa Romeo. Enzo Ferrari a travaillé pour l’écurie de course d’Alfa avant de créer sa propre marque.
La création d’autres grandes marques comme De Tomaso, Abarth et Lamborghini ont aidé l’Italie à devenir le pays de référence dans la création de voitures étonnantes. En effet, lorsque nous pensons à la recette parfaite pour une voiture de sport, la nationalité italienne est souvent la première exigence.
La connexion entre différentes marques ne s’arrête pas à Ferrari. Sans le cheval cabré, il se peut que nous n’ayons jamais connu les monstres conçus par Lamborghini. Ayant rencontré le succès avec la création et la vente de tracteurs agricoles, Feruccio Lamborghini a décidé de s’acheter une Ferrari. Cependant, lorsqu’il rencontra des difficultés avec sa voiture, qui pourtant furent niés par Enzo Ferrari, il se montra très énervé contre le fabricant de voitures sportives. Il s’est alors consacré à la production d’une voiture de sport qu’il voulait meilleure que Ferrari. Il existe une infinité de liens semblables entre les marques italiennes ce qui peut amener à comparer l’industrie italienne à un arbre généalogique.
Avec autant de marques cherchant toutes à créer la meilleure voiture de sport possible, les années 1950, 1960 et 1970 furent un véritable âge d’or dans l’histoire automobile italienne. Il suffit tout simplement de visiter un musée de l’automobile pour voir le nombre impressionnant de modèles d’exception sortis de la botte italienne durant cette période.
Cet âge d’or fut conforté par le succès des voitures italiennes en sport automobile. Que ce soit en Formule 1, en tourisme ou en endurance, les modèles représentant le pays étaient presque imbattables.
Les années 1980 anti-sportives
A partir du milieu des années 1970, les modèles typiques de l’Italie ont commencé à souffrir des transformations du monde économique. Le premier choc pétrolier de 1973 a découragé l’achat de véhicules aux moteurs puissants comme les sportives du pays. Le second choc pétrolier a frappé en 1979 et fut le dernier clou sur le cercueil de la prospérité de l’industrie automobile italienne.
Les années 1980 furent alors la seconde extinction de masse dans l’univers de l’automobile italienne. De la même façon que lors de la Première Guerre mondiale, les petites marques ne pouvaient plus vendre suffisamment de modèles pour rester actives et indépendantes. Comme un évènement en miroir de la grande guerre, il y eut deux possibilités pour ces entreprises en difficulté ; La première option fut la mise sous le contrôle d’une plus grande marque, la deuxième fut la faillite. Très peu de ces petits constructeurs ont été sélectionnés pour le rachat et ainsi, la plupart des noms ont disparu. Seuls Ferrari, Alfa Romeo, Maserati, Fiat et en partie, Lancia ont survécu à cette période difficile.
Fiat étant la seule marque vendant des voitures accessibles a une grande partie de la population elle est la seule à rester indépendante. Elle a également sauvé Alfa Romeo, Ferrari, Maserati et Lancia durant cette période. Lamborghini a ressenti les effets de la crise plus tard grâce à la clientèle qu’elle séduisait encore, mais depuis les années 1990 elle fait partie du groupe VW.
Une renaissance moderne de l’industrie automobile
Depuis l’année 1990, il y a eu un nouveau rajeunissement de l’industrie automobile italienne. Comme pour les années 1950 et 1960, de nouvelles marques commencèrent à apparaitre, spécialisées dans la vente de modèles rares et originaux. La fondation de Pagani en 1996, Automobili Pininfarina en 2018, et la renaissance récente de De Tomaso, montrent que l’industrie automobile italienne n’a pas perdu sa vivacité.
Cependant, nous pouvons aussi prédire, en regardant le déroulement historique de l’industrie automobile italienne, qu’il y aura bientôt une nouvelle perte dramatique de marques.