Ayant connu plusieurs décennies d’existence, cette voiture a une très longue histoire pleine de hauts et de bas. Au cours de ces années, elle a connu une infinité de noms qui ont été, à une époque, des géants de la construction automobile. Duesenberg est une marque connue, même 80 ans après son arrêt définitif, pour ses modèles de haute qualité.
L’histoire des frères Duesenberg
Nés le 6 Décembre 1876 et 12 Décembre 1879 respectivement, Frederik et August Duesenberg sont deux frères allemands. En 1885, la mère de Fred et August a décidé d’émigrer vers les Etats-Unis après le décès de son mari en 1881. Grâce à l’argent récupéré avec la vente de leur ferme en Allemagne, la famille Duesenberg a pu acheter une ferme de 81 hectares dans l’Iowa.
C’est en travaillant sur la ferme avec de grosses machines agricoles que les frères Duesenberg se sont pris de passion pour la mécanique. Le bricolage des engins de la ferme s’est rapidement transformé en une fabrique de vélos et de motos destinés à la compétition. En effet, au cours des années 1890, Fred et Augie, comme ils sont souvent nommés, ont participé à des courses de bicycles motorisés.
Les origines des voitures Duesenberg
Après quelques années de succès en compétition sur deux roues, les frères Duesenberg ont voulu relever un nouveau défi. Ils se sont associés pour fonder une marque automobile qui, plus tard, deviendra célèbre pour ses voitures de course mais aussi pour ses modèles de route. Ainsi, en 1913, l’entreprise Duesenberg pris naissance et s’installa à Saint Paul, la capitale de l’état du Minnesota.
Peu de temps après la fondation de la marque, ses voitures de course menaient déjà la vie dure à des écuries plus anciennes. Une voiture Duesenberg participa aux 500 Miles d’Indianapolis en 1914, soit moins d’un an après le lancement de la société. Bien que cette première aventure sur le célèbre circuit ovale n’offrit que la 10ème position à « Duesy », elle marqua le début d’une longue histoire de succès aux 500 Miles pour la marque.
Duesenberg et la Première Guerre mondiale
Au cours de sa courte existence, ayant développé une bonne réputation pour son travail sur les moteurs, Duesenberg fut rapidement approché par l’armée américaine qui recherchait un constructeur de moteurs d’avion. Grâce au Colonel Raynal Cawthorne Bolling, l’armée avait reçu l’autorisation de construire les moteurs U-16 Bugatti. Autrement dit, ce bloc combinait deux moteurs huit-cylindres en ligne avec deux vilebrequins.
Pensant qu’ils pouvaient améliorer ce moteur, les frères Duesenberg décidèrent de signer un contrat avec l’armée pour construire des versions modifiés de l’U-16. Avec les nouvelles modifications apportées aux dimensions de l’alésage, les exemplaires sortant de l’usine Duesenberg s’appelaient les King Bugatti.
Ces moteurs franco-américains se sont retrouvés dans les premières versions du Packard-Le Père LUSAC-11, un avion de guerre biplace. Malheureusement, un poids excessif et une puissance faible d’environ 400 chevaux ont fait du King Bugatti un échec mineur et très peu d’exemplaires sont finalement allés au combat. Après la guerre, le contrat fut abandonné et le modèle du 16 cylindres en ‘U’ ne fut plus utilisé aux Etats-Unis.
Une période post-guerre bipolaire pour Duesenberg
A la sortie de la guerre, Duesenberg dû retrouver la production automobile comme activité principale suite à la fin du contrat de fabrication de moteurs pour l’armée. Tout comme durant les années d’avant la guerre, la marque américaine s’engagea dans la compétition mécanique mais cette fois, elle finança ses voitures de course avec la vente de modèles de route. Contrairement à la période d’avant guerre, où elle se concentrait uniquement sur ses voitures de compétition.
Afin de bien séparer la passion des frères Duesenberg du travail nécessaire pour la financer, deux sociétés ont été créées. La première, Duesenberg Automobiles and Motors Company, avait pour objectif de construire les meilleures voitures de luxe possible. La deuxième entreprise, Duesenberg Brothers, était l’écurie de course cherchant à concourir dans les épreuves les plus réputées du monde. Malgré cette séparation, les deux activités étaient réalisées depuis le même garage à Indianapolis dans l’Indiana.
La première voiture de la marque destinée au public fut la Model A. Avec un moteur huit cylindres en ligne de 4,3 litres inspiré des modèles de course pré-guerre des frères Duesenberg, c’était un véritable monstre pour la route. Comme chaque véhicule était construit artisanalement, des différences existaient entre les modèles mais tous développaient aux alentours de 88 chevaux.
Sous la carrosserie unique pour chaque modèle, construit par un carrossier indépendant, se trouvait un châssis en échelle. Le Model A a introduit de nombreuses innovations technologiques comme des freins hydrauliques et l’utilisation de nouveaux matériaux. Il devenait, dès lors, plus maniable que celui de compétition. Afin de fêter sa mise en vente en 1921, une Duesy Model A joua le rôle de Pace Car aux 500 Miles d’Indianapolis cette même année. Malheureusement, cette apparition devant le pays presque entier n’eu pas le résultat escompté. Alors que Duesenberg s’était fixé comme but de vendre une centaine de d’exemplaires par mois, l’entreprise avait du mal à construire plus d’un modèle par jour. En tout, 150 exemplaires seulement ont été vendus en 1922.
Heureusement pour les frères, leurs voitures de course de cette époque étaient plus glorieuses que les modèles de route. En 1922, la marque débuta une période de domination sur le circuit de l’Indy 500. Entre cette première participation à la course depuis la Première Guerre mondiale et 1927, Duesenberg est apparu quatre fois sur la première marche du podium. Cependant, le succès de cette marque américaine ne s’est pas limité au nouveau monde. 1921 a été l’occasion d’ une célèbre victoire pour Jimmy Murphy au volant d’une Duesenberg au Grand Prix de France. Ce fut, d’ailleurs, la première victoire américaine en Grand Prix.
Pour les deux dernières années de production du Model A, Duesenberg a créé une version encore plus sportive nommée le Model X. Cette voiture pouvant atteindre les 160 km/h grâce à plus de 100 chevaux et un châssis plus long, fut l’occasion de dire adieu au Model A. Avec seulement cinq exemplaires existant encore aujourd’hui, c’est une voiture très rare qui justifie un prix encore plus élevé que les voitures Duesenberg habituelles.
La Duesenberg Model J: Une légende automobile
La voiture la plus célèbre de la marque Duesenberg est sûrement la Model J. Sortie en 1928, elle est devenue le symbole du luxe. La Model J est née grâce à l’investissement engendré par l’achat de la marque en 1925 par Errett Lobban Cord, un homme d’affaire de l’époque. Il lança à Fred le défi de construire la meilleure voiture du monde, une voiture rapide, une voiture grande et une voiture chère.
Cette voiture pouvant rivaliser avec les modèles européens de Mercedes, Rolls Royce et Bentley fut dévoilée en 1928 au Salon de l’Automobile de New York. Elle fut ensuite exposée l’année suivante à Paris afin de montrer aux éventuels clients européens qu’une nouvelle opportunité se présentait. Ce désir de montrer la voiture au plus grand nombre de personnes possible fut une réussite. La Model J est devenue une des voitures de luxe les plus populaires de l’époque conduite par les familles royales, les acteurs célèbres et autres personnes fortunées. De grands noms comme Clark Gable, Al Capone et Alfonso XIII ont tous acheté des versions de la Model J.
Au cours de ses neuf années de vente, la Model J fut continuellement modifiée par Fred Duesenberg. En Mai 1932, la Model SJ sorti avec un sur-compresseur sur le huit cylindres en ligne. Ensuite, une version plus courte et plus maniable de la SJ, nommée la SSJ, fut commercialisée en 1935. C’est avec la création de ce modèle qu’apparu le slogan « La seule voiture capable de dépasser une Duesenberg est une autre Duesenberg avec le consentement du premier conducteur ».
La fin de Duesenberg
Malheureusement, la SSJ fut la dernière Duesenberg construite et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord, à la mort de Fred en 1932 l’entreprise qui créait des modèles de série n’était plus rattachée à la famille. Ensuite, E.L. Cord fit faillite en 1937 mettant fin à l’investissement pour Duesenberg. En effet, la Grande Dépression eu un impact terrible sur les marques de luxe d’après guerre et sans les fonds de Cord, la marque ne pouvait pas perdurer.
En conséquence, il y a très peu de modèles Duesenberg restant aujourd’hui. Ce sont alors des modèles qui atteignent des sommes extravagantes lorsqu’ils sont proposés aux enchères. La plupart des Model A ne se vendent pas à moins de $200 000 tandis qu’il est presque impossible de trouver un Model J vendu, dans les dernières cinq années, en dessous du million.