Au cours des dernières années, la Corvette a déclenché une thématique qui polarise la communauté du monde automobile. Avec la sortie de sa huitième génération, le moteur s’est déplacé de sa place habituelle, devant l’habitacle sous le capot, vers une position plus sportive derrière le siège du conducteur.
Ce changement inimaginable divise les amateurs de l’automobile en deux camps ; ceux qui considèrent cette décision comme un crime contre l’âme du modèle et ceux qui accueillent favorablement la conduite améliorée de la C8. Dans tous les cas, il est évident que cette nouvelle version de la voiture la distingue irrémédiablement de ses ancêtres.
Les origines de la Corvette
Au début des années 1950, Chevrolet se trouvait dans une période de grande difficulté. Ses rivaux, dont notamment Ford, avaient trouvé une issue pour sortir de la crise post-guerre, mais Chevrolet continuait à avoir des difficultés pour vendre ses modèles en grande quantité. C’est pourquoi, il fut décidé que la marque devait se consacrer au développement d’une roadster sportive. L’idée était de construire un véhicule, similaire aux modèles anglais devenus extrêmement populaires aux Etats-Unis à l’époque, mais avec une touche d’américanisation.
En 1953, un prototype fut dévoilé à New York devant un groupe de directeurs de la marque qui ont instantanément adoré le modèle. Ce que nous connaissons aujourd’hui comme la Corvette fut alors mis en production. Avec un moteur six cylindres de 150 chevaux, une carrosserie élégante et sportive faite en fibre de verre, la voiture aurait dû être un énorme succès. Cependant, durant cette première année de sa production, seuls 183 exemplaires furent vendus.
Le modèle finit par retenir l’attention du publique, en 1955, lorsqu’un certain nombre de modifications lui furent apportées. Le six cylindres, utilisé dans tous les modèles Chevrolet de l’époque, fut remplacé par un V8 plus puissant et la transmission automatique fut supprimée en faveur d’une manuelle. En transformant la Corvette en une véritable voiture de sport, Chevrolet put commencer à tirer profit de sa création.
Le public américain tomba amoureux de cette voiture modifiée en une nuit. En effet, la Corvette est passée d’un roadster peu puissant, mais aussi peu pratique, à une véritable sportive américaine. Bien que d’autres marques aient essayé de rivaliser avec la popularité de la corvette, aucune n’a réussi. Même pas Ford avec la GT, un modèle qui a pourtant montré que les Américains pouvaient battre les européens sur la piste.
Un développement en continu de la Corvette
Bien que cette toute récente Corvette, la C8, soit un exemple unique avec le déplacement de son moteur vers l’arrière du châssis, elle montre que le modèle est en développement permanent. Au fil des 68 ans qui ont suivi l’apparition du modèle, la Corvette s’est vu passer d’une petite sportive américanisée à un monstre pouvant dévorer tout autre machine concurrente sur route.
A différents moments de son développement, Chevrolet a décidé d’apporter des modifications à son apparence afin de rendre plus reconnaissable le modèle. Que ce soit de légères retouches, comme l’introduction de portes plus sculptées, ou des transformations complètes du design de la voiture, comme avec le remplacement de la C1 par la C2.
En effet, la forme de la C2, ou deuxième génération de la Corvette, a inspiré le look angulaire et agressif de toutes les générations suivantes.
En plus d’être une voiture qui, au cours de sa vie, a toujours été retouchée pour devancer la mode automobile de l’époque, Chevrolet a utilisé la Corvette pour introduire des technologies innovantes. Ces innovations, et le succès des technologies, ont permis à Chevrolet d’améliorer les autres modèles de sa gamme. Par exemple, la C2 fut une des premières voitures de commercialisation américaine à utiliser des freins à disques. De plus, en 1984, la C4 introduisit un tableau de bord totalement électronique, un élément que nous trouvons aujourd’hui sur la plupart des véhicules vendus.
Enfin, c’est durant les années 1980, lorsque le gouvernement des Etats-Unis a mis en place un ensemble de nouvelles lois sur la pollution des voitures, que la Corvette s’est montrée utile pour Chevrolet. A cette époque, toutes les marques américaines ont du se focaliser sur la pollution de leur véhicules et la façon la plus simple de réduire ces émissions néfastes fut de surcharger les moteurs d’air. Cependant, cette technique eut une incidence importante sur l’efficacité des moteurs. Alors que les Corvettes de 1970 atteignaient facilement les 400 chevaux, celles de la fin de la décennie avaient du mal à atteindre les 200. Rapidement les chiffres de puissances se sont mis à remonter grâce au développement intensif de la Corvette. Sans un nouveau modèle, la gamme Chevrolet aurait manqué de puissance pendant longtemps.
Plus est toujours mieux : telle est la philosophie de la Corvette
Avec le recul, nous voyons qu’à travers toutes les générations de la Corvette, les noms des différents modèles peuvent laisser perplexe. On trouve de nombreux choix de moteurs qui portent tous des noms bizarres associant lettres et chiffres. En effet, vous avez peut-être une Corvette, mais est-ce que c’est la Z06, la LT5, la L88, une LS ou bien autre chose encore ?
Au cours de l’histoire du modèle, Chevrolet a toujours trouvé moyen de créer une version de la Corvette qui soit meilleure que celle sortie précédemment. L’énorme choix de moteurs différents est caractéristique de la Corvette en général. Chevrolet est réputé pour être très agressif avec sa méthode de vente qui propose toujours quelque chose de nouveau pour attirer d’autres clients ou pour forcer les anciens à échanger leur modèle pour la dernière création. Cette stratégie va de paire avec l’évolution du design de la voiture et de ses performances qui sont elles aussi extrêmement rapides et brutales.
Cette particularité, centrée sur la performance et la vitesse de la Corvette, est bien éloignée de l’inspiration qui nous a donné sa première version. Jusqu’alors, les sportives anglaises avaient toujours donné une impression de calme et d’élégance, elles ne se manifestaient jamais bruyamment comme cette création américaine. Mais c’est justement son ton bruyant qui a donné à la Corvette son succès, contrairement aux marques comme Austin Healey et MG. Un enfant qui regarde une Corvette, à l’âge de 6 ans, va vouloir consacrer sa vie à pouvoir, un jour, s’acheter cette voiture ressemblant à un requin et qui émet le bruit du tonnerre.
Corvette Racing : faite pour affronter les européennes
Comme il a été dit précédemment, la Ford GT était la première voiture américaine à vraiment prouver qu’il était possible, pour les américains, de concurrencer les européens sur la piste. Cependant, on a vu plus souvent, au cours de l’histoire, une Corvette jouer ce rôle. En effet, Corvette Racing est la division sport de la Corvette qui court en version de course depuis la sortie de la C5 en 1999. Se concentrant sur les deux grands championnats d’endurance dans ses différentes formes, à savoir IMSA anciennement ALMS et la WEC anciennement LMS, les différentes créations de l’écurie défient les modèles de Ferrari, Aston Martin et Porsche parmi d’autres, avec grand succès.
Depuis le début du nouveau millénaire, l’écurie a remporté cinq fois la victoire aux 24 Heures du Mans, quatre fois aux 24 Heures de Daytona et a absolument dominé les 12 Heures de Sebring. Cependant, bien avant cela, la version de compétition de la C2 était connue en Europe pour ses performances impressionnantes face aux célèbres 250 GTO et Porsche 911. Au cours de sa vie, la Corvette a montré à plusieurs reprises qu’il est possible de se trouver en tête tout en ayant une approche unique de la compétition.