Au cours de plus d’un siècle au sein de l’industrie automobile, Bentley est passé par plusieurs étapes. Des victoires au Mans pendant l’entre-deux guerres aux années sous la direction de Rolls Royce, la marque connu une histoire avec des hauts et des bas.
Les débuts de Bentley
Avant la première guerre mondiale les deux frères Bentley, Horace Millner et Walter Owen étaient importateurs et vendeurs de voitures françaises DFP. Cependant, Walter Owen rêvait toujours de pouvoir concevoir ses propres modèles, une ambition qui sera réalisée après la Guerre.
Après avoir créé, pendant la guerre, des pistons pour moteurs d’avion en aluminium inspiré par un presse-papier qu’il découvrit à l’usine DFP, le jeune britannique put lancer son entreprise en 1919. Le premier modèle issu de Bentley Motors Ltd fut un châssis EXP 2 sans moteur, exposé au Salon de l’automobile à Londres afin d’attirer l’attention des producteurs de moteur. En effet, seulement trois mois après le dévoilement de la voiture, un moteur multivalves innovant fut construit et la vente commença en Septembre 1921.
Bentley : Un concurrent important en sport automobile
En 1922, Bentley participa à sa première course international, les 500 miles d’Indianapolis. Avec une réputation de fiabilité et l’aide du pilote Douglas Hawkes, la voiture de route modifiée finit la course en 13ème position.
La première Bentley à courir aux 24 Heures du Mans fut une 3-Litre Sport en 1924 malgré un manque de financement. Pilotée par John Duff et Frank Clement, la voiture passa la ligne d’arrivé en première place débutant la légende des Bentley Boys. Cette victoire convaincra le boxeur et ancien Capitaine d’armée, Woolf Barnato d’investir dans la marque aidant Walter Owen à renouveler ses voitures.
Grâce à l’injection de nouveaux fonds, les voitures conçues par la suite ont permit à Bentley de dominer les 24 Heures du Mans. Au cours de années 1920, les voitures Bentley courant dans cette course légendaire furent pilotées par un groupe d’hommes riches, les Bentley Boys. Ce groupe d’ingénieurs, de pilotes et de magnats de différentes industries a gagné chaque édition de la grande course entre 1927 et 1930. La meilleure preuve de cette domination vint à la fin de cette série de victoire avec la production de la Speed Six qui aidera Bentley à occuper les quatre premières places en 1929.
La crise économique mit Bentley sous le contrôle de Rolls Royce
Le krach boursier de Wall Street en 1929 a mis fin à la demande de véhicules de luxe comme en vendait Bentley. Le coup fatal fut la sortie de la Bentley 8 Litre, une des plus grosses voitures construite par Bentley dans cette première étape de son histoire. Avec ce modèle, la marque visait une base de clients qui n’existait plus suite à la crise, les riches avec trop d’argent. L’énorme bolide alimenté par un moteur six cylindres d’une telle taille fut trop cher à développer et à construire par rapport aux chiffres de vente.
Ainsi, en 1931, la marque fit faillite débutant une guerre des enchères entre la marque de luxe, Napier et une organisation mystérieuse, British Central Equitable Trust qui gagna la bataille. Après la vente, on découvrit que ce trust était en réalité Rolls Royce qui achetait ainsi les biens de Bentley pour £125,000.
Alors que l’usine de production était déplacée de Cricklewood près de Londres à Derby -la maison mère de Rolls Royce -la création de voitures Bentley fut arrêtée durant deux ans. Malgré la nouvelle source de financement, Rolls Royce remit le Capitaine Woolf Barnato à la tête de Bentley et Walter Owen garda sa marque pendant quatre ans avant de rejoindre Lagonda en 1935.
La première voiture issue de cette nouvelle fusion fut une Bentley 3 ½ Litre, fondamentalement une version sport de la Rolls Royce 20/25. Avec cette création controversée que Rolls Royce nomma une « sportive silencieuse » débuta une période de plus de 70 ans où Bentley utilisa des châssis et moteurs Rolls Royce.
Re-localisation de Bentley et Rolls Royce pendant la Seconde Guerre mondiale
Dans le but de pouvoir continuer à produire des moteurs d’avion pendant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement britannique aida Rolls Royce à trouver une nouvelle usine. Le lieu décidé fut Crewe, un petit village entre Liverpool et Birmingham, choisit pour son emplacement parfait sur le réseau ferroviaire.
Pendant la guerre, cette nouvelle usine employa plus de 10 000 personnes et produisit plus de 25 000 moteurs Merlin en sept ans.
Après la guerre, la production de moteurs à réaction fut centralisée à Derby et les commandes liées aux voitures arrivèrent à la nouvelle usine de Crewe. Pendant quelques décennies ensuite, les deux marques partagèrent une même usine tout en essayant de retrouver leur succès d’avant-guerre.
L’évolution de Bentley après guerre
Suite à la guerre, la demande pour une Bentley de luxe n’existait pas. En effet, les seules voitures vendues au Royaume-Uni, pendant la période de reconstruction du pays, furent des modèles à petits prix et des exemplaires uniques conçus par un carrossier tels que Mulliners.
Afin de satisfaire ces nouvelles demandes de l’industrie automobile, Bentley construisit des châssis roulant sur lesquels les carrossiers pouvaient ensuite ajouter leur propre style de carrosserie. Cette technique permettait à Bentley de ne pas utiliser de matériaux coûteux optant pour de l’acier embouti pour créer ses modèles.
La première voiture suivant cette technique de construction en acier fut la Mark VI qui débuta en 1946. Cependant, elle fut principalement destinée à la vente à l’étranger car le gouvernement anglais cherchait à remettre en marche son économie par le biais de l’exportation.
Un nouveau partenariat : Bentley et Mulliners
Venant remplacer la Mark VI , il y eu la Bentley R Type. Encore dans un effort de rétablissement après la guerre, cette voiture partait aussi d’une carrosserie simple qui pouvait facilement être changée par un carrossier. L’entreprise qui a réalisé la majorité de ce travail fut Mulliners, un nom que nous associons très souvent avec Bentley aujourd’hui. C’est surtout avec la R Type, produite de 1952 à 1955 que les deux marques se sont rapprochées.
Le succès des modèles modifiés par Mulliners a entrainé la séparation plus marquée des modèles portant des carrosseries Bentley et celles figurant le travail des carrossiers. En effet, les R Type de base étaient toutes vendues avec des moteurs six cylindres en ligne de 4,5 litres. En parallèle, les moteurs des R Type dites Continental, car les premières étaient dédiées à la vente en Europe Continental, avaient une capacité plus grande de 4,9 litres.
La séparation des modèles Continental de celles vendues directement par Bentley continua avec la S-Series qui remplaça la R Type en 1955 et fut vendues jusqu’en 1965. Voyant que ses clients préféraient les boites automatiques comme ceux de la R Type, l’option d’une transmission manuelle fut supprimée de la S-Series. Jusqu’à aujourd’hui, aucune Bentley ne s’est dès lors vendue avec une boite manuelle.
Retour aux modèles 100% Bentley
En Octobre 1965, la création de modèles Bentley destinés à la modification par les carrossiers s’arrête. La S-Series est à partir de cette année remplacée par la T-Series, un modèle construit sur un châssis monocoque rendant la modification de la carrosserie beaucoup plus compliquée.
Avec la mise en vente de ce modèle luxueux, les passionnés de l’âge des Bentley Boys et des modèles de course ont compris que cette époque n’allait pas réapparaitre. Au début de l’intégration de Bentley dans les affaires de Rolls Royce, les deux marques se différenciaient par cet aspect sportif de la première, mais la T-Series était presque identique à la Silver Spirit de l’époque.
Bentley de nouveau sous une nouvelle direction
En 1970, Rolls Royce rencontra des difficultés financières liées à la production de son RB211, un moteur aéronautique. C’est à ce moment-là que l’entreprise aéronautique se sépara de ses deux cousins automobile, Bentley et Rolls Royce Motors. Les deux marques de voitures de luxe sont restées à l’écart des géants automobiles pendant 10 ans avec une chute catastrophique des ventes chez Bentley.
Grâce à l’achat de la marque en 1980 par Vickers, une société de transport, Bentley a put se reconstruire une fois de plus. Sous cette nouvelle direction, la marque décida de regagner une réputation sportive qu’elle avait perdu au cours des années avec Rolls Royce.
Au cours des années 1980, Bentley dévoila trois modèles faisant référence à son passé. La première des trois, la Mulsanne portant le nom d’une ville proche du circuit des 24 Heures du Mans et donnant son nom à un virage. Ce fut une berline utilisant la même plateforme que la Rolls Royce Silver Spur. Cette voiture fournira la base de toutes les voitures Bentley jusqu’en 1998 avec l’introduction de l’Arnage.